Kiwi : tout savoir sur les fruits venus de l’autre bout du monde

Tout le monde ne sait peut-être pas que la France, avec ses 55 000 tonnes par an (chiffres 2019), est le deuxième producteur européen de kiwis. Pourtant, malgré cette suprématie, les importations représentent encore une importante partie de notre consommation. Les fruits importés proviennent principalement de Nouvelle-Zélande et du Chili. Ce paradoxe commercial est dû à de nombreux facteurs, dont la demande accrue de fruits hors saison, ainsi que l’efficacité croissante et la diffusion des techniques qui permettent de transporter des denrées alimentaires d’un continent à l’autre. A consommer nature, avec des céréales ou en jus frais grâce à votre extracteur de jus préféré, le kiwi est apprécié par de nombreuses familles pour sa forte concentration en vitamine E (1,2 mg/100 grammes) et ses vertus anti-oxydantes.

Transport et substances chimiques

La production de kiwis de Nouvelle-Zélande et du Chili est devenue partie intégrante du panier quotidien du consommateur français. La plupart des kiwis de Nouvelle-Zélande sont distribués par une seule entreprise, Zespri Kiwifruit, qui est chargée de commercialiser la production de milliers de producteurs en Nouvelle-Zélande et dans le reste du monde.

Les problèmes rencontrés pendant le transport et le long trajet pour se rendre à nos tables sont liés à la vie commerciale du fruit, qui pourrait développer des moisissures sur la peau pendant la récolte. Dans le passé, l’utilisation de pesticides était privilégiée, mais certaines études ont montré que, malgré le brossage des fruits ou les différentes méthodes de lavage à l’eau ou aux solutions salines, il n’était pas possible d’éliminer totalement la substance chimique.

Il a donc été préféré de déplacer l’accent de la recherche scientifique sur les phases post-récolte, en essayant de développer des méthodes de production qui sont durables pour l’environnement mais en même temps économiquement avantageuses pour l’entreprise. La conséquence a été une réduction de l’utilisation des produits agropharmaceutiques dans les champs, et le choix d’utiliser des conteneurs réfrigérés.

La réfrigération n’est pas à l’abri de problèmes, car si elle n’est pas effectuée de manière adéquate, elle peut encore favoriser le développement de moisissures résistantes aux basses températures. C’est pourquoi la pratique du « curage » s’est généralisée, qui consiste en une sorte de pré-réfrigération pouvant varier de 48 à 72 heures. Ensuite, les kiwis sont réfrigérés pour atteindre zéro degré au cœur du fruit. Selon les chercheurs, cette technique favorise certaines réactions biochimiques à l’intérieur qui peuvent inhiber le développement des microorganismes pendant la réfrigération. Mais les mécanismes du phénomène restent à découvrir et la technique n’est pas encore au point.

De nouvelles techniques de conservation des kiwis

Un autre aspect fondamental est l’élimination continue de l’éthylène, une phytohormone synthétisée par le fruit et qui le fait mûrir. Pour résoudre ce problème, des absorbeurs d’éthylène sont utilisés dans les cellules ou un échange d’air cyclique complet est effectué pour éviter un mûrissement prématuré pendant le stockage. Si l’élimination de ce gaz est effectuée de manière optimale, la durée de conservation des fruits peut être prolongée jusqu’à 6 mois. Le système présente plusieurs similitudes avec celui utilisé pour les pommes en France, qui sont stockées dans des entrepôts en attendant la vente prévue, même après plusieurs mois.

Une autre technique, cependant très coûteuse, est l’utilisation progressive d’une atmosphère modifiée. Il faut être prudent lors de son utilisation car les kiwis peuvent développer une phytopathologie appelée « Hard Core » qui provoque un durcissement excessif de la partie centrale blanche du fruit, dû à la présence excessive de dioxyde de carbone dans l’air.

De nouvelles variétés de kiwi

Les producteurs ont également développé de nouvelles variétés plus résistantes à la moisissure, comme le kiwi SunGold Zespri, principalement destiné aux économies asiatiques, et le « EnzaRed« , une nouvelle variété aux nuances rouges dont la durée de conservation réduite limite toutefois son potentiel commercial.

Le prochain défi pour la recherche scientifique sera de comprendre pleinement les paramètres responsables des changements pendant le stockage des fruits, afin de garantir au marché une présence continue de kiwis de qualité.